París: Citadelles & Mazenod. 2000. ( Casanelli, R. , ed; Andaloro, M.; Cassanelli, R.; Contadini, A.; Curatola, G.; David, M.; López Guzmán, E.; Marino, L.; Nenci,C.; Páez López, J.; Piva, P.; Sureda, J.; Velmans, T.). pp. 256-284
[…]Cependant, le monde des chevaliers, qui appréciait les histoires de sa société courtoise que racontait la littérature, ne pouvait pas rester indifférent aux arts de l'image. Avant les croisades déjà, vers 1077-1082, la mal nommée « tapisserie de Bayeux» (centre Guillaume-le-Conquérant), en réalité une broderie de plus de 48 mètres de long, représenta de manière épique la bataille d'Hastings. Elle rappelle que Guillaume, duc de Normandie, et l'Anglais Harold, de la lignée des Godwine, s'affrontèrent dans la nuit du 27 au 28 septembre 1066 pour conquérir la couronne d'Angleterre restée vacante à la mort d'Édouard le Confesseur. L'histoire racontée par la tapisserie, attribuée sans aucun fondement à Mathilde, reine et épouse de Guillaume, légitime le triomphe des Normands en le présentant comme un verdict de Dieu. Mais ses protagonistes ne sont ni le roi défunt, ni les prétendants au trône, ni les cavaliers qui s'affrontent avec violence sur le champ de bataille, ni même Eudes, évêque de Bayeux, véritable artisan de la victoire normande; les vrais thèmes de la broderie sont les scènes de lutte, les rencontres furtives, les trahisons, les fables, la vie quotidienne des gens y compris les moments teintés d'érotisme.La tapisserie de Bayeux est certaiment laplus grande épopée que l’ art du siècle, dit de l'an mille, ait racontée. Aucun cycle du même genre, se rapportant aux croisades, n'a été conservé. Mais nous savons qu'il en a existé. Baudry de Bourgueil, abbé de l'abbaye bénédictine de Bourgueil (1079) et archevêque de Dol ( 1107), qui eut directement connaissance des événements de la première croisade et qui écrivit même, vers 1107, une Histoire de Jérusalem, évoqua en mille trois cent soixantehuit vers latins la décoration de la chambre d 'Adèle de Blois, fille de Guillaume le Conquérant et de Mathilde, qui épousa Étienne Henri de Blois, un des comtes de la première croisade. Le sol de la demeure de la dame consistait en une mapamundi encadrée par les allégories des quatre vents; aux murs étaient suspendues des broderies faites de fils d'or et d'argent, avec des pierres précieuses, qui racontaient des histoires... neuves, parmi lesquelles les hauts faits de son père, favorisés par les astres[…]( Joan Sureda, de «Le Beauté et la signification des Images à l´époque des Croisades».La Méditerranée des Croisades ).